Le passage des portes dans l’Antiquité

Cette rencontre se propose d’étudier le thème du passage des portes dans l’Antiquité en croisant de façon transdisciplinaire les approches archéologiques et historiennes. La démarche retenue est aussi comparatiste. Il s’agira de faire dialoguer des aires culturelles distinctes (Proche-Orient, Grèce classique, hellénistique et romaine, Occident romain, Orient Byzantin) pour comparer les pratiques et estimer les influences éventuelles sur le temps long, du I^er millénaire avant notre ère jusqu’au haut Moyen Âge.

Objet archéologique au cœur de l’histoire urbaine dont la typologie, l’ornement et les fonctions furent étudiés dans un colloque au début de ce siècle¹, les portes des villes n’ont pas manqué d’être mises en relation avec la notion du passage, en particulier au sujet de l’entrée dans la ville² ou ponctuellement à propos des problèmes de mobilité³. Que la porte coïncide ou non avec la limite urbaine, elle est un lieu d’échanges où s’exercent des activités parfois spécifiques qui entourent et affectent le passage⁴. Mais si les portes sont comprises comme désignant le lieu où s’exercent le plus fortement ces activités, l’expérience de la traversée est ici étendue à la voie, à la place ou au quartier qui sont, dans la pratique et dans le paysage, dominés par les portes.

Il s’agit ici de s’intéresser à la façon dont les portes exercent un rite de passage, du fait des aménagements et des pratiques à proximité qui facilitent ou entravent leur traversée, et sur la façon dont ce rite se traduit dans l’architecture et la topographie urbaine. Le passage, qui s’exerce dans l’un et l’autre sens, est affecté par l’organisation architecturale et par les activités humaines, permanentes ou non, comme la garde ou les activités commerciales, mais aussi par des attitudes, comme les marques d’honneur, d’accueil et d’adieu.

Quels sont donc les aménagements des portes et du passage (fonctionnement, défense, ornementation) qui construisent le paysage particulier des portes ? Quels sont les rites, privés et officiels, qui entourent le passage comme un événement à part entière dans la vie de l’individu ou du dirigeant ? Quelles pratiques de protection, militaire ou religieuse, réglementent le passage des portes en tant que lieu de contrôle ? Comment est perçue l’expérience différenciée de la traversée, par le passant ou par ceux qui l’entourent ? Comment enfin évoluent ces espaces de passage dans la longue durée ?

1 T.-G. Schattner, F. Valdés Fernández (coord.), Stadttore : Bautyp und Kunstform : akten der Tagung in Toledo vom 25. bis 27. September 2003 = Puertas de ciudad : tipo arquitectónico y forma artística : actas del coloquio en Toledo del 25 al 27 de septiembre 2003, Deutsches Archäologisches Institut, Diputación Provincial de Toledo, Real Fundación de Toledo, 2006.

2 Fr. Michaud-Fréjaville, N. Dauphin, J.-P. Guilhembet, dir., Entrer en ville, Rennes, 2006.

3 Cl. Moatti, « Le contrôle des gens de passage à Rome », Cl. Moatti, W. Kaiser, dir., Gens de passage en Méditerranée de l’Antiquité à l’époque moderne, Paris, 2007.

4 C. Saliou, « La Porte des Cherubins à Antioche sur l’Oronte et le développement de la ville », Anatolia Antiqua, 21, 2013, p. 125-133 ; V. Barrière, « Un sas entre ville et campagne : les portes à cour intérieure en Gaule (Cisalpine comprise). Franges urbaines, confins territoriaux », La Gaule dans l’Empire, Versailles, 2016.