Le passé du continent au présent

30e anniversaire de la Convention de La Valette (Malte) pour la protection du patrimoine archéologique en Europe

The past of the continent in the present. 30 Years of the La Valletta (Malta) Convention for the Protection of the Archaeological Heritage in Europe

Marc Bouiron, Ricardo González-Villaescusa

Dates : 26-27 juin 2023

Lieu : à l’Institut national d’Histoire de l’art – INHA, Paris

Website : https://civeur.parisnanterre.fr/pratiques-comparees-de-protection-du-patrimoine-archeologique/

Le 30e anniversaire de l’adoption à Malte (le 16 janvier 1992) de la Convention de La Valette du Conseil de l’Europe pour la protection du patrimoine archéologique (révisée) nous incite aujourd’hui à entreprendre un bilan des conséquences et des perspectives de ce texte fondamental. Ratifié par 46 états[1], l’impact de cette convention a été sans précédent tant au niveau scientifique que patrimonial. En restructurant en profondeur les dimensions disciplinaires, juridiques et administratives de l’archéologie, la Convention de la Valette a permis d’acquérir des connaissances nouvelles sur le passé archéologique et historique du continent, et a rendu ce passé archéologique plus accessible aux citoyens européens et elle a incité au développement d’une archéologie préventive dans certains pays qui en étaient encore dépourvus.

Alors que le monde sort d’une crise sanitaire, que les conflits refont surface et que la crise environnementale demeure menaçante, il nous a semblé opportun de faire le point sur les succès obtenus et les enjeux futurs. Nous sollicitons donc de la part des intervenants à ce colloque une présentation des résultats et des bilans (comprenant bien sûr les aspects à améliorer et à renforcer) des pratiques archéologiques et patrimoniales, ainsi que de l’évolution tout au long des trois dernières décennies du cadre normatif inspiré de la Convention. Cet état des lieux permettra de construire une synthèse sur les répercussions de l’adoption de la convention sur les thématiques qui seront abordées autour de la problématique centrale de la chaire Jean Monnet CivEUr : l’histoire, la protection et le projet urbain de la ville européenne. Dans un souci prospectif, le colloque permettra aussi de souligner les enjeux politiques; économiques et identitaires et les nouvelles perspectives que soulèvent la Convention en rapport aux publics, aux élus, aux administrations étatiques ou régionales – dont des représentants seront invités à contribuer à nos débats et à alimenter nos conclusions.

  • Chaire Jean-Monnet (Université de Paris Nanterre)
  • Inrap
  • Ministère de la Culture
  • European association of archaeologists
  • Marc Bouiron (Inrap)
  • Christian Cribellier (Ministère de la Culture)
  • Ricardo González Villaescusa (Université Paris Nanterre – UMR ArScAn)
  • Amala Marx (Inrap)
  • Polyxeni Adam-Veleni (Ministère Hellénique de la Culture et des Sports, Grèce)
  • Anne Degraeve (Head of Archaeological Heritage Dept at Urban Brussels)
  • Jean-Paul Demoule
  • Sylvie Robin (Conservateur Mairie de Paris)
  • Monique van den Dries (Pr Archéologie Leyden)
  • Felipe Criado Boado (CSIC)
  • Vincent Negri (CNRS)
INRAP

Le colloque se déroulera les 26-27 juin 2022 dans l’auditorium Jacqueline Lichtenstein de l’INHA.

Les communications, en français ou en anglais dureront une vingtaine de minutes, suivies d’une discussion.

Les apports constatés de la convention
  • Quelle identification des citoyens avec la discipline de l’archéologie ? Impact de la discipline dans la vie quotidienne des citoyens européens. Présence des arguments archéologiques en lien avec leur territoire et leurs villes dans le quotidien des citoyens.
  • Quelle perception de la discipline et des professionnels ? La fréquente présence des archéologues dans les rues et territoires a permis de modifier une perception « aventurière » de la discipline ? Quelle confiance accordée aux arguments scientifiques des archéologues ? Quelle légitimité de l’archéologie dans le discours politique et dans la délibération social ?
  • Quelle connaissance du passé des villes européennes a apporté l’archéologie ? Quelle conscience des citoyens d’être les derniers occupants d’un espace urbain ou d’un territoire ? Quelle identité et quel attachement à l’identité urbaine véhiculé par les vestiges historiques exhumés ?
Les conséquences patrimoniales
  • Quelles conséquences dans la perception du patrimoine ? L’archéologie préventive et la protection du patrimoine ont été suffisantes pour générer l’attachement au patrimoine des citoyens, nécessaire à construire opérativité sociale de ce patrimoine ? Quelle construction du passé à travers les institutions de la protection du patrimoine ?
  • Quelles conséquences patrimoniales ? Quelle protection du patrimoine culturel immobilier ou meuble ? Quelles répercussions dans le trafic illicite des biens culturels ?
Les conséquences économiques et sociales
  • Quelles conséquences économiques ? Estimation des emplois générés par la protection du patrimoine ? Quelle relation entre les professionnels de l’archéologie et du patrimoine avec les politiques de l’aménagement du territoire ? Quelle relation avec le tourisme culturel ?
  • Quelles conséquences sociales ? Quelle structuration sociale autour des projets de conservation ? Quel patrimoine social après 30 ans d’application ? Comment les projets d’aménagement et les projet urbains ont intégré, ou pas, les vestiges ou la connaissance scientifique produite par la documentation et la protection du patrimoine archéologique ou bâti.
  • Quelles conséquences scientifiques ? Les bénéfices sociétaux de la convention découlent de ses bienfaits scientifiques mais quelles sont les conséquences scientifiques ? Comment et combien les nouvelles données du passé ont transformé les paradigmes et les connaissances historiques et archéologiques. Quelles nouvelles catégories de patrimoine ? Comment et combien la gestion de ces données ont transformé les méthodes d’analyse et les pratiques professionnelles ?
Les écueils et les perspectives
  • Quels imprévus de la Convention de la Valette ? La convention dans son état est toujours d’actualité mais quelques points faibles sont améliorables : carte archéologique, infrastructures scientifiques, « l’excèdent des données et de vestiges ». Quel destin pour les archives du sol ? Quels problèmes et quelles solutions à la conservations des milliers de mètres cubes de vestiges meubles ou immeubles produits par l’archéologie préventive ? Quelle exploitation scientifique ? Faut-il penser à une mise à jour de la convention de 1992 ?
  • Quels défis de société ? La crise sanitaire, la guerre en Europe, « l’urbicide » des villes en guerre, la crise environnementale et les crises sociales et économiques qui s’en suivront ont des conséquences sur la protection et la connaissance du patrimoine mais peuvent être mieux comprises par les valeurs culturels et patrimoniales qui transmettent le patrimoine et l’histoire des villes européennes ? Quelles leçons à en tirer ?
Bibliographie indicative
  • Agúndez Lería, M. (dir.) Herrero de Jáuregui, A., Ciudades + Humanas Patrimonio + Social. Propuestas para el uso del patrimonio urbano como herramienta de integración social, Ministerio de Educación, Cultura y Deporte, Ciudades Patrimonio de la Humanidad, España / UNESCO, Madrid, 2015.
  • Bozóki-Ernyey, K. (ed.) European Preventive Archaeology Papers of the EPAC Meeting, Vilnius 2004, National Office of Cultural Heritage, Hungary – Council of Europe, 2007.
  • González Villaescusa, R., L’évolution des disciplines géohistoriques : des cadastres aux paysages et l’archéogéographie, Les Nouvelles de l’archéologie, Les nouvelles ont 40 ans ! in A. Averbouh, C. Karlin, (coord.), 157-158, 2019, 119-127.
  • Guermandi, M.-P., Salas Rossenbach, K., Twenty years after Malta: preventive archaeology in Europe and in Italy, Istituto per i Beni Artistici, Culturali e Naturali della Regione Emilia Romagna – IBC and individual authors, Bologne, 2013.
  • Kajda, K., Marx, A., Wright, H., Richards, J., Marciniak, A., Rossenbach, K., Frase, I., Archaeology, Heritage, and Social Value: Public Perspectives on European Archaeology, European Journal of Archaeology, 21(1), 2018, 96-117. doi:10.1017/eaa.2017.19
  • Manolakakis, L., Schlanger, N., Coudart, A., European Archaeology: Identities & Migrations Archéologie européenne: Identités & Migrations, Leiden, Sidestone Press, 2017.
  • Marx, A., Nurra, F., Salas Rossenbach, K., Europeans & Archaeology: A survey on the European perception of archaeology and archaeological heritage, NEARCH, 2017, ⟨10.5284/1043770⟩⟨hal-01581864⟩
Textes

[1] Albanie, Allemagne, Andorre, Arménie, Autriche, Azerbaïdjan, Belgique, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Chypre, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Géorgie, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Macédoine du Nord, Malte, Monaco, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République de Moldova, République slovaque, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Saint-Marin, Serbie, Slovénie, Suède, Suisse, Turquie, Ukraine, et deux non membre du Conseil de de l’Europe : Fédération de Russie et le Saint-Siège.

A lire également