Crises et résiliences urbaines
Vivre avec les risques dans les villes, de l’antiquité au Moyen Âge
Maison de l’intercommunalité, Salle Rivière du Commerce Lillebonne (Seine-Maritime)
Les 22, 23, 24 novembre 2023
Les crises sont définies par I. Wallerstein comme une manifestation des « difficultés que l’on ne peut pas résoudre dans le cadre du système, et qui ne peuvent l’être qu’en quittant et en dépassant le système historique dont ces difficultés font partie »1 . Les acteurs sociaux doivent alors choisir entre le maintien du système en place et l’évolution vers des solutions nouvelles qui, bien qu’inspirées de leur expérience, sont destinée à créer un nouveau système. Les crises constituent une rupture du statu quo, entraînant tensions et désaccords entre les différents acteurs sociaux. On utilisera donc la notion de crise pour décrire un moment de transformations profondes, prélude à l’émergence de nouvelles relations sociales.
Adaptée quant à elle de la physique, la notion de résilience est aujourd’hui couramment comprise comme la capacité d’un système social à s’adapter à des contextes de risque ou de vulnérabilité. La préservation et l’aptitude à restaurer ses structures essentielles est au fondement de la résilience d’une société. Elle permet d’interroger la capacité des sociétés humaines, comprises comme un système, à interagir avec des risques d’origine environnementale (séismes, éruptions volcaniques, inondations, épidémies…) ou humaine (incendies, guerres, conflits internes…). Quelle que soit leur origine, ces risques sont le produit d’un évènement imprévisible et d’une vulnérabilité humaine. En d’autres termes, on peut parler de risques quand des enjeux sociaux ou économiques sont exposés à un aléa. Personne ne peut prévoir quand aura lieu cet évènement, ni sa magnitude, mais on peut anticiper qu’il se produira. La réalisation du risque donne lieu à une crise et la résilience repose donc à la fois sur les stratégies de gestion des risques et sur la capacité du groupe à revenir à un état stable après avoir été perturbé.
L’urbanisation rapide, le changement climatique et l’instabilité politique sont à l’origine de problèmes nouveaux ou de l’aggravation des anciens. Les villes présentent une grande densité d’enjeux humains, donc de risques, et constituent pour cette raison un laboratoire privilégié pour observer comment les sociétés antiques vivent avec les risques et font face aux crises. Pourtant, aucune des notions citées n’est identifiée en tant que telle dans l’Antiquité ou au début du Moyen Âge. L’agencement du territoire ou l’urbanisme d’intervention ne font pas non plus partie des intentions des acteurs publics dans le développement les villes de l’Antiquité. Ces concepts constituent toutefois d’utiles outils heuristiques pour nous aider à comprendre comment les villes antiques et du début du Moyen-Âge vivaient avec les risques. De nombreux témoignages littéraires rapportent d’ailleurs les efforts accomplis pour éviter la réalisation de risques prévisibles comme les
inondations 2 , les incendies et les effondrements d’immeubles 3 . Les décisions publiques pouvaient également avoir pour fonction d’atténuer les charges financières de villes touchées par une
catastrophe 4 .
Le colloque est organisé en partenariat avec Caux Seine Agglo. Le site de l’ancienne Juliobona, chef-lieu de cité et port antique sur la Seine, exposé au risque fluvial, touché par un déclin précoce au IIIe siècle se prête parfaitement à notre réflexion.
Les participants sont invités à se pencher sur les questions suivantes :
- La mise en place de mesures de gestion des risques (protection, prévention…).
- La nature des solutions élaborées pour vivre avec le risque : techniques, juridiques, mythologiques…
- Le rôle de l’expérience acquise lors de crises dans l’élaboration de ces mesures.
- Les solutions de retour à l’équilibre après une crise (le rôle des autorités publiques, des acteurs locaux…).
- La redéfinition de l’équilibre social, politique et économique après une crise.
Cet événement est coorganisé par l’UMR 7041 ArScan, le CNRS et Caux Seine agglo dans le cadre de la Chaire Jean Monnet « Civitates et Urbes Europæ (CivEur, cités et villes de l’europe) : histoire, protection et projet urbain de la ville européenne » et le projet « Juliobona, la cité antique sur la Seine ».
1 I. WALLERSTEIN, Comprendre le monde : Introduction à l’analyse des systèmes-monde, La Découverte, Paris, 2006, 121-122.
2 Diodore de Sicile, Bibliothèque Historique, XIX, XLIV-XLV.
3 Tacite, Annales, 15, 43.
4 Tacite, Annales, Livre II, 47.
Coordinateurs
- Ricardo González-Villaescusa
- Jonas Parétias
- Marguerite Ronin
Comité Scientifique
- Hélène Dessales
- Ricardo González-Villaescusa
- Sabine Panzram
- Jonas Parétias
- Christophe Petit
- Marguerite Ronin
Partenaires
- Chaire Jean-Monnet (Université de Paris Nanterre)
- Caux Seine agglo
- Juliobona, la cité antique sur la Seine
- UMR 7041 ARSCAN
- CNRS
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